Ma rencontre avec le tournage a pris tout son sens en découvrant le travail du bois vert avec Yann Marot, Alain Mailland et Elisabeth Mézière.
Au départ il y a un arbre, qui deviendra grume, débits, pour finir en une pièce unique façonnée à la gouge.Le choix des morceaux de bois n’est pas anodin, le résultat ne sera pas le même en fonction de l’essence choisi, d’où l’arbre a poussé et aussi où se trouvait le débit sur l’arbre. A-t-il poussé en plaine, en forêt, exposé au nord, au sud, au vent, en bord de rivière? Est-ce un morceaux du tronc, d’une fourche d’une charpentière? Tout ceci a son importance.
En effet, le bois vert est encore imprégné de tout son vécu, la beauté et la majestuosité des arbres se retrouvent dans les pièces réalisées, ils nous racontent leurs histoires. Toutes les tensions du bois se dessinent au séchage et laissent place à des reliefs singuliers qui apportent beaucoup de poésie et d'émotion. A ceci vient s'ajouter la diversité des veinages, des teintes qui donne son caractère unique à chaque objet.
La complexité et la beauté du monde vivant me fascine. J’aime travailler le bois comme matière vivante, et souligner cet aspect
C'est en 2019 que je m'installe en tant que tourneuse professionnelle. Le tournage est un métier surprenant qui offre de multiples possibilités de créations. Une véritable source d’épanouissement qui nourrit ma curiosité et m’offre de vrais moments d’évasion.
Je travaille exclusivement des essences locales provenant d’une gestion respectueuse de la forêt, coupées avec soin et débardées à cheval. Vivre du tournage sur bois participe pour moi d’une démarche plus globale, qui apporte une cohérence avec mon attachement pour le vivant du fait d’une exploitation des ressources locales respectueuse, par la mise en valeur des perles issues de différents chantiers de bûcheronnage.
Je rentrais toujours de mes balades en montagne et en forêt avec des bouts de bois, glanés pour leurs couleurs, leurs formes, leurs singularités que je gardais dans l'idée dans faire quelque chose. Au fur et à mesure de mes collectes et bidouilles, j'ai eu envie de faire du bois mon métier.
Ma rencontre avec mon compagnon, bûcheron passionné et grand amoureux de la forêt m’a plongé au coeur de la vie des arbres. J’ai découvert un monde passionnant, affiné mon regard, et commencé a apprivoiser la matière. J’ai notamment pris conscience de ce qu’était la filière bois et une gestion respectueuse de la forêt.
Puis vint le temps de se former… Etant sensible aux courbes, le tournage m’a intrigué. J’ai eu l’immense plaisir d’entrer à l'école de tournage « Escoulen » (dans le Verdon). J'ai passé 6 mois en formation intensive puis 1 an en résidence au sein de l'école. Une richesse de savoir-faire, de rencontres et d'univers créatifs.